Bonne nouvelle : les agences et leurs heureux clients disposeront de 18 mois pour reporter leur voyage. Ce qui les mènera jusqu’ à l’été 2021.
Autres bonnes nouvelles, selon les articles publiés par le quotidien China Daily, alors que la vie reprend peu à peu, les Chinois sont sur les starting-blocks pour repartir en voyage.
Plus précisément, une enquête de la China Tourism Academy et Trip.com menée sur 15 000 individus âgés de 18 à 45 ans recrutés sur une centaine de villes, révèle que 16% des interviewés choisiraient le mois de mai pour partir si l’épidémie de coronavirus est bien jugulée.
Mais, plus important, 90% d’entre eux choisiraient des séjours domestiques, notamment dans le Sud-Ouest du pays.
Des compagnies aériennes tablent sur un retour à la normale en juillet
Autres signes encourageants, certaines compagnies aériennes n’hésitent pas à nous inviter à prévoir nos vacances d’hiver.
C’est le cas de Transavia, easyJet, Air France et sa Collection tandis que l’ensemble des compagnies françaises tablent, selon le président de la FNAM, Alain Battisti (cité par La Tribune) sur un retour à la normale en juillet.
Enfin, du côté de l’offre, il faut admettre qu’en Chine (que l’on peut utiliser comme une sorte de boussole), les lieux de loisirs rouvrent progressivement et que des régions comme l’île de Hainan par exemple lancent d’ores et déjà des plans massifs de relance.
A travers le monde, congrès, grandes expositions et événements annoncent également des reports à des dates précises. C’est le cas des JO de Tokyo qui auront lieu dans un an. Plus modestement, c’est le cas en France du SMT !
Les envies d’évasion contrariées par la réalité
Afficher des projets, donner une visibilité à l’avenir, marketer une offre séduisante tant sur le plan du contenu que des prix, suffira-t-il pour autant à remettre les populations frappées par la crise sanitaire que nous vivons sur les routes des vacances ?
Sur le plan des intentions de départ, aucun doute : le besoin de vacances et d’évasion remportera des scores très élevés, quand des enquêtes sur le sujet seront menées (ce qui n’est pas encore le cas).
Qualifiées de « besoin vital », les vacances de l’été 2020 seront vraisemblablement plus convoitées que jamais, notamment par ceux très nombreux qui n’ont pas eu la chance de passer leurs semaines de réclusion dans des foyers dotés d’un jardin.
Mais, besoin de vacances ne veut pas dire besoin de voyage. Intention ne signifie pas projet concret. Fantasme ne veut pas dire réalité !
Derrière le déclaratif, ce sont les situations personnelles qui arbitrent. Et celles-ci, toujours très complexes, auront cette année une tonalité d’autant plus imprévisible que la situation que nous vivons est inédite, donc porteuse de surprises bonnes et mauvaises.
Des désordres psychiques peuvent paralyser les plus fragiles
D’ores et déjà, on peut estimer que les semaines de confinement ne laissent personne indemne.
Pour le psychiatre Boris Cyrulnik, nous sommes tous « violemment agressés psychiquement ». Profondément convaincu de l’intensité du traumatisme et des bouleversements provoqués par cette « catastrophe » ( pour reprendre ses termes), Boris Cyrulnik ne voit pas pour demain la sortie du tunnel, même s’il est certain qu’il y en aura une !
« La résilience c’est le jour d’après ». Nous n’y sommes pas.
Pour le sociologue Jean Viard, qui intervient tous les matins sur France Info et qui fut le premier à insister sur les différentes formes de confinement – celle des privilégiés qui le vivent dans une maison au vert avec jardin et celle des familles de citadins coincés dans de petites surfaces – la souffrance n’a pas été la même. La réparation ne sera donc pas la même non plus.
Quant aux enfants, aussi jeunes soient-ils, ils auront besoin de se dégourdir les jambes, mais ne craindront-ils pas un départ qui pourra être considéré comme une prise de risques ? Ils réagiront probablement différemment selon les soins et explications dont ils auront bénéficiés. Mais, pour certains quitter sa chambre ne sera pas forcément vécue comme une libération.
Enfin, les traces laissées dans l’opinion ne sont pas prêtes à disparaître. La crainte d’un retour du virus et d’une nouvelle désorganisation sanitaire restera longtemps dans les esprits.
La défiance déjà très bien installée dans les esprits notamment vis-à-vis des politiques, a d’ores et déjà une occasion de plus de se renforcer.
Les déterminants économiques déjoueront les projets des plus optimistes
Alors que l’industrie française tourne à 25%, qu’une majeure partie des entreprises sont à l’arrêt, que les bourses du monde s’effondrent, il est clair que le déterminant économique jouera encore plus que d’habitude un rôle majeur.
Une grande partie (85%) des Français et de ceux qui constituent nos principaux marchés redoutent un impact dramatique sur l’économie mondiale et 30% en moyenne, surtout en France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni et USA, craignent le pire pour leurs situations personnelles (Sources : Globalwebindex).
Dans les mois qui viennent, beaucoup seront donc plus enclins à reprendre le travail qu’à boucler leurs valises. Sans compter que certains auront vu s’évanouir en fumée des billets d’avion et des réservations hôtelières annulées et non remboursées.
Les rapports à la santé seront prioritaires
Autre déterminant majeur : les rapports que chacun entretien avec sa santé.
On l’a dit, nos contemporains sont obsédés par leur état de santé. Mais à des degrés divers.
Si le moindre danger de récidive du virus persiste, la plupart d’entre eux ne vont donc pas courir des risques désormais identifiés : maladie, hôpitaux, quarantaine, impossibilité de rentrer chez soi…
Pour ceux-là, rester près de son domicile et près d’un équipement hospitalier pourrait s’imposer.
La qualité du maillage médical d’un territoire de vacances de toutes façons sera désormais un argument de poids pour toutes les nationalités. Surtout pour les seniors.
La complexité sociologique sera toujours à l’oeuvre
Enfin, d’une façon générale, il convient d’avoir à l’esprit l’hétérogénéité de notre société qui, quel que soit le sujet abordé, se compose de quatre catégories : une avant-garde de moins de 10% qui va de l’avant, voit le monde avec optimisme, prend des risques.
Souvent classés aussi dans la catégorie des grands voyageurs, les membres de cette avant-garde qui fait et défait les modes, prendront probablement le large si on lui en donne la possibilité.
A l’autre extrémité, une catégorie très conservatrice de plus d’un tiers de la population se replie volontiers sur elle-même. Très timorée, peu disposée à changer ses habitudes, elle a surtout peur du changement. Elle pourrait donc opter pour des vacances routinières… ou des vacances à la maison. N’en attendez rien.
Entre ces deux catégories, 60% de la population se décomposent en deux populations de taille à peu près égales : l’une qui avance plutôt qu’elle recule. Elle pourrait se laisser séduire par un voyage, si tous les risques ont été levés.
L’autre qui a plutôt tendance à faire un pas de côté en cas de danger, sera plus réticente. Cette année en tous cas.
Enfin, n’oublions pas la segmentation générationnelle. Celle-ci est bel et bien déterminante quand il s’agit de départs.
On imagine mal que les Millenials et leurs cadets de la Génération Z ne parviennent pas à bricoler des séjours de vacances et même des voyages en faisant appel aux solidarités familiales, notamment aux résidences secondaires qui seront, c’est sûr, fortement mises à contribution dans les mois à venir.
Quant aux grands-parents, ne vont-ils rejouer leur rôle favori, celui de papy-sitters ?
Les réponses que donneront les vacanciers de l’année 2020 dépendront donc de multiples facteurs auxquels d’autres risquent de s’ajouter dans les jours à venir.
La partie est loin d’être gagnée pour le secteur touristique. La France, destination de proximité par excellence, aura cependant de nouveau le vent en poupe pour nos concitoyens et la résidence secondaire pourrait aussi vivre des jours très heureux !
La parole à Christian Mantei, président d’Atout France
Christian Mantei : « La relance sera difficile et la reprise sera longue car c’est le sanitaire qui est aux commandes.
Tant qu’il y aura un doute, une suspicion, un cas de contagion sur une région, la machine touristique ne se remettra pas en marche.
C’est fondamental.
C’est notre crédibilité et notre image qui sont en jeu. Nous ne gagnerons le pari de la reprise et du prestige de la destination France que grâce à une maîtrise totale de notre situation sanitaire.